Denis Dailleux

“Denis Dailleux avec la délicatesse qui le caractérise, pratique une photographie apparamment calme, incroyablement exigeante par des doutes permanents et mue par l’indispensable relation personnelle qu’il va entretenir avec ce-et-ceux qu’il va installer dans le carré de son appareil. Sa passion pour les gens, pour les autres l’a naturellement amené à développer le portrait comme mode de figuration privilégié de ceux dont il avait l’envie, le désir d’approcher davantage ce qu’ils étaient. Et il l’a fait avec Catherine Deneuve comme avec les anonymes des quartiers populaires du Caire ; avec cette même discrétion qui attend que l’autre lui donne ce qu’il espère, sans le revendiquer, en espérant que cela se produira.”

Christian Caujolle

denisdailleux.com

 
 

TUK-TUK, LE CAIRE / ÉGYPTE, 2016
DANS LE CADRE DE LA COMMANDE “VOYAGE ORDINAIRE”

“Quand je suis arrivé au Caire pour la première fois en 1992, il n’y avait pas de tuk-tuk et la ville était moins tentaculaire, plus paisible. Bon marché et rapide, le tuk-tuk permet d’atteindre des endroits difficilement accessibles aux voitures. Il offre une certaine liberté aux femmes qui peuvent furtivement quitter leur lieu de vie enclavé sans être vues de leur entourage. Malheureusement, la popularité de ce véhicule à trois roues originaire de Thaïlande est mise à mal par le gouvernement, soutenu par l’armée, et certains ministres affirment même que les tuk-tuk sont utilisés par des criminels pour prendre la fuite…

Souvent cette série de portraits au tuk-tuk fut un prétexte pour montrer la banlieue du Caire (les tuk-tuk sont interdits sur les grands axes et dans le centre) et le quotidien de millions d’Égyptiens installés dans les barres d’immeubles sans âme, au milieu de la poussière. L’anachronisme du fellah en galabeya qui se promène au milieu de ces cités-dortoirs encerclant la ville ne cesse de me surprendre.”