Jérôme Blin

Jérôme Blin vit et travaille à Nantes. Issu du monde paysan, il a travaillé quelques années dans le milieu industriel, avant de devenir photographe. Il aime à mettre en scène et valoriser les “héros ordinaires”, il parvient à faire émerger de ces personnes au quotidien “quelconque”, une poésie et une singularité forte.

Après avoir rendu hommage au monde rural, il a effectué plusieurs séjours en Chine, au Québec, au Togo, au Sahara Occidental, qui furent l’occasion d’autres explorations photographiques.

Depuis peu, il revient travailler en milieu rural ou dans ces zones périurbaines, ces “non-zones” aux abords des grandes métropoles, pour y construire des histoires sensibles peuplées de sa propre histoire, des rencontres qu’il y fait. Sa série “Les adolescents” a reçu le prix du jury des Zooms 2013, a été projetée aux rencontres d’Arles et a été exposée au Japon.

 
 

ALLER-RETOUR, SAINT-NAZAIRE / FRANCE
DANS LE CADRE DE LA COMMANDE “VOYAGE ORDINAIRE”

“Avec le projet “Voyage Ordinaire”, Saint-Nazaire est devenue pour moi un nouveau décor à photographier, celui d’une ville qui a une histoire commune avec le monde ouvrier à travers son port, ses industries, ses employés et leurs horaires décalés. Pour cette carte blanche, je me suis mis à la place de quelqu’un qui se rend au travail la nuit, encore engourdi de sommeil, et qui effectue presque automatiquement ce trajet quotidien. J’ai donc regardé d’une autre manière les paysages traversés, qui nous deviennent tellement familiers qu’on les oublie parfois. J’ai tenté de retranscrire cet état de semi-conscience entre la veille et le sommeil, lorsqu’on somnole et qu’on ne sait pas ce qui est réel.

Mes photographies ont une tonalité mystérieuse, elles sont parfois énigmatiques et parlent de solitude. Les personnages mais aussi les paysages peuvent évoquer une certaine inquiétude. Cette série n’est pas narrative, elle est suggestive, les images sont reliées par une atmosphère commune, on glisse de l’une à l’autre sans nécessairement connaître l’intervalle qui les sépare. J’ai voulu créer une ambiance cinématographique et faire un pas de côté par rapport à une photographie documentaire. J’avais aussi l’envie de rendre moins ordinaires ces trajets quotidiens. La notion de “géographie mentale*” semble appropiée à ce travail. J’utilise des lieux qui deviennent décors, des personnages qui deviennent acteurs, afin de créer une nouvelle histoire qui m’appartienne,
plus qu’aux gens photographiés. A partir du réel, une nouvel espace mental se construit.”

*Selon la définition donnée par la galerie VU’ dans le magazine Private, N°46 automne 2009.