Territoire rêvé Bretagne
Résidences photographie et écrit

Au bout de la Bretagne prend fin l’Europe occidentale. Cette situation, ouverte sur la mer et tendue vers d’autres horizons, imprime l’identité bretonne et ses territoires, elle relie ses paysages et ses habitants à la manière d’un port d’attache, mi-terre, mi-mer, ancrage réconfortant en même temps que matière à utopies. C’est ici, depuis cet « espace tangible » que s’imagine Territoire rêvé Bretagne, un programme triennal de résidences, qui offre à six artistes – trois photographes et trois écrivains – d’explorer librement la géographie des lieux traversés pour créer une œuvre poétique qui capte quelques rêves, relie le visible et l’invisible sans oublier d'interroger les interstices et les marges. Accessible à tous, l’œuvre produite est exposée dans l’espace public et dans des espaces dédiés de chaque ville partenaire. Chacune des trois résidences a été accompagnée de l’édition d’un livre d’art publié aux Éditions Contrejour. À découvrir dans notre section éditions


2022-2023

Rennes

Guillaume Zuili, avec une Nouvelle de Pascal Dessaint

Coproduction l’art à l’ouest / Les ailes de Caïus et SPLA ViaSilva
Les partenaires du projet : JCDecaux, mécène officiel du programme Territoire rêvé Bretagne
SNCF Gares & Connexions, partenaire des expositions en gares - EY (Ernst & Young) France - Rennes Ville et Métropole - Ville de Cesson-Sévigné - EXPORAME Rennes - Keolis Rennes - Arkea Banque - Net Plus - Réalités - Bati-Armor - Probimmo - Carcreff - Grant Thornton - Agelia - Agence VU’

© Guillaume Zuili, Rennes 2022

© Guillaume Zuili, Rennes 2022

Guillaume Zuili, photographe

« J’ai passé un mois à marcher en solitaire dans les rues de Rennes. Avec un regard vierge – c’était la première fois que j’y mettais les pieds. Le hasard fait bien les choses, se perdre dans la ville le provoque, et les images apparaissent à chaque coin de rue. Et quand la lumière se fait complice il n’y a plus qu’à les prendre, vite avant qu’elles ne s’en aillent. Car à Rennes si le soleil est si intense c’est que les nuages le poursuivent en permanence. Un jeu de cache-cache. Ombre… Lumière… Pluie… Lumière… Ombre… Lumière… Intense. Violent. Avec des contrastes forts. Un instant magique naît ainsi, qu’il faut saisir avant qu’il ne s’échappe. À cette lumière propre à la Bretagne se rajoute cette pierre si particulière. Elle est là, partout où le regard se pose. L’unité de style en un même lieu frappe l’esprit. Impossible de ne pas sentir la mémoire, l’histoire, qui transpirent de ces pierres ou de ces pavés. Alors tout est en place pour un narratif fait d’ombres et lumières. Une série noire dont l’acteur principal, la ville, émerge. Ou peut-être son âme. »

Photographe franco-américain, membre de l’Agence VU’ et représenté par la galerie Clémentine de la Féronnière, Guillaume Zuili vit et travaille principalement à Los Angeles. Il est lauréat du prix Camera Clara 2017 et prix du Tirage Collection Florence & Damien Bachelot 2021.

pascal dessaint, écrivain

« Je suis né en 1964 dans une famille ouvrière du Nord. J’ai vécu vingt ans à Coudekerque-Branche. Mon père disait que j’écrivais des mensonges, et il avait raison ! Ma mère a élevé six enfants. Quand j’étais gosse, elle disait que lire rendait moins bête. Je n’avais pas le droit de regarder la télévision le soir. Je lisais donc beaucoup. Je dois le plaisir des mots à mon frère Eusèbe, qui est un superbe poète, et puis à des auteurs comme Bukowski, Miller, Selby, Cendrars... J’écris un premier roman l’année de mon bac. J’y crois. Je monte à Paris et fais le tour des éditeurs. Il me faudra attendre dix ans pour publier. Entre-temps, je me suis installé à Toulouse, qui deviendra le cadre de plusieurs de mes romans. »

Pascal Dessaint est né à Dunkerque. Il vit aujourd’hui à Toulouse. Ses romans ont été récompensés par le Grand Prix de la littérature policière, le Grand Prix du roman noir français, le Prix Mystère de la Critique et le Prix Jean-Amila Meckert. En 1999, il publie Du bruit sous le silence, premier polar dont l'action se déroule dans le monde du rugby. Depuis Mourir n’est peut-être pas la pire des choses (2003), beaucoup de ses livres sont placés sous le signe de la nature malmenée.

exposition restitution dans le cadre des Rencontres photographiques de ViaSilva 2023 :
Galerie Net Plus, Cesson-Sévigné - Gare de Rennes - Métro ViaSilva

L’art à l’ouest et l’association rennaise Les ailes de Caïus ont fait se rejoindre leur programme de résidences sur un même territoire – Rennes Métropole. Les réalisations des artistes Guillaume Zuili et Christophe Le Dévéhat ont été exposées dans le cadre des sixièmes Rencontres photographiques de ViaSilva, festival organisé par Les ailes de Caïus et la SPLA ViaSilva.
Deux livres d’art ont été édités à cette occasion : Et bientôt l’obscurité, photographies Guillaume Zuili, avec une nouvelle de Pascal Dessaint, éditions Contrejour et Strates, photographies Christophe Le Dévéhat, éditions de Juillet.

 
 

 

2020-2021

Chartres de Bretagne

Juliette Agnel, avec une Nouvelle d’Émilie Houssa

Coproduction l’art à l’ouest / Le Carré d’Art / Galerie Confluence
Les partenaires du projet : JCDecaux, mécène officiel du programme Territoire rêvé Bretagne
SNCF Gares & Connexions, partenaire des expositions en gares - EY (Ernst & Young) France - Éditions Contrejour

 

Juliette Agnel, photographe

Après des études d’arts plastiques et d’ethno-esthétique, Juliette Agnel passe de la peinture à la photographie. « J’ai cru pendant longtemps que j’allais faire du documentaire », explique-t-elle. C’est de cette première ambition que lui est resté le goût pour les voyages et la découverte. Mais, dit-elle encore : « les paysages étaient toujours pour moi à la fois traversés et imaginés, des supports de fiction ». Ainsi, Juliette Agnel a été en route pendant près de dix ans. Elle a traversé des territoires de l’Afrique, jusqu’à la Corée, de l’Islande à la Norvège. Son appareil photo et sa caméra se sont fait le réceptacle de contrées à explorer, de rencontres à faire. En 2017, elle participe au Prix découverte à Arles et à la FIAC avec sa série les Nocturnes.

« Sortir la nuit pour mieux voir ce qui nous est caché. La nature, la ville, et la perméabilité entre les deux. Les lieux qu’on voit tous les jours se transforment à l’heure où la nuit tombe. Comment voir dans le noir, ce qui nous entoure ? Il faut prendre le temps. Prendre le temps d’une pause longue qui dévoile peu à peu les éléments obscurs qui prennent une nouvelle forme. (…) Il y a aussi la recherche du sauvage, celui qui a pris le dessus dans les forêts sans homme pendant le confinement, et la puissance de la végétation. Rennes est une ville d’un centre, et ses alentours basculent vite vers une nature, entre l’exubérance et la maîtrise écologique. »

émilie houssa, historienne de l’art, romancière

Après avoir enseigné à l’université du Québec à Montréal et à l’université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, Émilie Houssa a été conférencière à la Cinémathèque Française, puis professeur d’Histoire de l’art et de sémiologie à l’école Prép’art. Amoureuse de la lecture, elle ne pouvait pas ne pas écrire. Son écriture s’intéresse à la vie des gens sans histoire qui pourtant traversent des événements retenus par tous. Des images naissent ainsi au fil des mots et des situations. La nuit passera quand même (éditions Denoël, 2018) est son premier roman avant La possibilité du jour (Les éditions de l’Observatoire, 2020).

« Le paysage est un support à la fiction. Comme les paesinas du marbre laissent se dessiner des paysages possibles. Les paysages de Juliette Agnel reconstruits entre jour et nuit, entre l’immensément grand et la banalité de la terre nous perdent. Lieux magiques et poétiques, lieux bâtis sur nos imaginaires, lieux qui nous laissent, le temps, toujours, de revoir une image, d’entrer dans la pierre, de construire un monde. Le monde que j’aimerais modeler à partir des images de Juliette arrive à pas feutrés. Les ombres d’abord pointent et puis lentement le poids de l’espace, matière compacte, engluée dans la masse, frisson du temps : tout cet air qui construit les bruits et les déplacements. Ces espaces appellent le mouvement. Une fois la sidération passée, je veux marcher dans ces images. Inscrire la marche dans cet entre-deux absolu qui sonne comme une frontière. Inscrire la marche pour asseoir l’histoire ».

exposition restitution printemps/été 2021 :
Galerie le Carré d’Art, Chartres de Bretagne - Galerie Confluence, Nantes - GARES DE RENNES ET VANNES

 
 

2019-2020

Saint-Malo

Maia Flore, avec les écrits Poétiques d’Albane Gellé

Production l’art à l’ouest
Les partenaires du projet : Abri Services, mécène officiel du programme Territoire rêvé Bretagne
Ville de Saint-Malo - Saint-Malo agglomération - SNCF Gares & Connexions, partenaire des expositions en gares - EY (Ernst & Young) France - Thermes marins de Saint-Malo - Agence VU’ - Éditions Contrejour 

Cher pays malouin, (extrait), Albane Gellé
Selon qu’on y vient en longeant la côte ou bien de l’intérieur des terres, on n’aura sans doute pas la même vision de toi. Est-ce pareil avec les hommes. Où rencontre-t-on quelqu’un la première fois, se souvient-on de ses épaules, de son visage, de ses mains. Se souvient-on de tout. Ou bien seulement du grand ciel noir qui était derrière lui. (…)

 
 

Maia Flore, photographe

La démarche artistique de Maia Flore s’inscrit dans une recherche de coïncidences entre le réel et son imagination. Son univers, créé de toutes pièces, se traduit par des images émouvantes et envoûtantes qui sont une invitation à partager un voyage en douce utopie. Membre de l’agence VU’, la photographe a reçu le Prix pour la photographie HSBC en 2015.
De sa rencontre avec Saint-Malo Maia Flore a retenu l’impermanence des lieux. Qu’est-ce qui existe encore ? Qu’est ce qui subsiste au temps ? Les lumières sans cesse changeantes, la mer et le mouvement des marées avec ses pleins d’eau et ses déserts de sable, les roches tantôt noires, tantôt scintillantes, forment une collection d’espaces vivants, insaisissables, à la cartographie chaque fois réinventée. Dans l’image, la photographe imagine une chorégraphie où le corps se place plein cadre ou se perd dans l’immensité comme pour suspendre le temps et attraper pour nous un peu de cette magie évanescente d’un territoire qui n’est déjà plus le même. Dans sa restitution de Saint-Malo, Maia Flore ne reconstruit pas l’espace, elle l'habite avec une douce nostalgie et en retient ses paysages lunaires quasi-surréels d'où se dégage un univers aussi intime qu’universel.

Albane Gellé, poète

Pour Albane Gellé, écrire commence par recevoir, capter tout ce qui a lieu dehors, tout près d'elle ou plus loin. Elle se transforme en éponge qui absorbe et accumule des mots, des sensations, des images, des sons, autant de témoins de l'existence d'un monde en perpétuel mouvement. À ces matériaux extérieurs pris sur le vif des instants s'ajoutent ceux déjà là à l'intérieur, accumulés depuis longtemps, mémoires infinies, souvenirs d'enfance. Tout cela remue, se transforme en permanence et travaille comme un levain. Il s'agit ensuite pour elle de saisir et de tisser les mots pour donner à lire dans le poème une réalité dans laquelle rien n'est séparé. Enfin, l'écriture devient un geste d'adresse à l'autre, pour occuper l'espace entre, entre dedans et dehors, entre le lecteur et le poème. C'est sans doute pour cela qu'Albane Gellé aime écrire des lettres, et ses lettres posent souvent des questions qui n'attendent pas de réponses. Des lettres comme des bouteilles à la mer peut-être. Ici, en partant du territoire de Saint-Malo, l'auteure a choisi de réunir les éléments, aussi bien spatiaux – terre et mer, temporels – passé, présent et futur, que vivants – humains et non humains.

exposition restitution Mars/Avril 2020 :
Saint-Malo, Espace public - GARES DE SAINT-MALO ET RENNES